Pourquoi l'Union européenne propose de rémunérer le stockage privé d'huile d'olive

L’Union européenne va lancer des appels d’offres pour candidater à une aide au stockage privé de l’huile d’olive dans neuf Etats membres. Objectif : limiter la chute des prix sur un marché marqué par une récolte abondante en 2018-2019, alors que les stocks sont déjà élevés.

ait exceptionnel, la Commission européenne a autorisé, lundi 11 novembre, une aide au stockage privé pour les huiles d’olive vierges. La procédure se déroulera par appels d’offres dans les Etats membres producteurs (Grèce, Espagne, France, Croatie, Italie, Chypre, Malte, Portugal, Slovénie). L’objectif est de desserrer l’étau sur un marché marqué par des stocks déjà élevés : 859 000 tonnes estimées au 30 septembre 2019 dans l’Union européenne (dont 88% en Espagne), en hausse de 61,8% sur un an et de 166,8% sur deux ans.

"Au cours des derniers mois, le marché de l'huile d'olive a connu un grave déséquilibre et je suis fier de dire qu'une fois encore la Politique agricole commune est là pour soutenir nos agriculteurs et nos producteurs. Grâce à nos mesures de marché, l'aide au stockage privé adoptée aujourd'hui contribuera à stabiliser le marché et à prévenir d'autres dommages pour le secteur", s’est réjoui Phil Hogan, commissaire européen (pour encore quelques semaines) à l’Agriculture et au Développement rural.

2 264 millions de tonnes (Mt) d’huile d’olive ont été produites lors de la dernière campagne en Europe, en hausse de 3,5% sur un an et de 11% par rapport à la moyenne quinquennale. Les hauts niveaux de production et de stocks ont engendré une baisse des prix sur plusieurs marchés – mi-octobre, le prix de l'huile d'olive extra vierge était de 33% inférieur à la moyenne quinquennale en Espagne, et de 13,5% en Grèce, d’après la Commission européenne. Au même moment, une importante manifestation de producteurs d’olives et d’huile d’olive avait eu lieu à Madrid afin de réclamer des mesures de soutien de la part de Bruxelles.

Les taxes américaines affectent l'Espagne

Les producteurs espagnols ont également été récemment échaudés par la décision des Etats-Unis, sous l’impulsion de Donald Trump, d’imposer des droits à l’importation de 25% sur plusieurs produits agricoles européens, dont l’huile d’olive. Les États-Unis consomment 320 000 tonnes d'huile d'olive par an, soit près de la moitié de la consommation hors Union européenne. Les importations américaines d’huile d’olive espagnole se chiffrent à 200 000 tonnes. Sur les olives de table, les importations américaines autres que celles en provenance de l’Union européenne ne représentent que 27 271 tonnes, soit moins d’un quart du total. 423 000 tonnes d’olives européennes ont été exportées en 2018-2019, en progression de 8,2% sur un an.

Des stocks disponibles en cas d'épidémie

Au-delà des conflits commerciaux, une autre menace pèse sur les producteurs européens : Xylella Fastidiosa, la fameuse bactérie à même de détruire des oliveraies entières. Depuis 2013, plus de 1,5 million d’oliviers sont morts dans la seule région des Pouilles, en Italie. Récemment, les producteurs ont une nouvelle fois sonné l’alerte sur les difficultés qu’ils rencontrent cette année. Aucune solution viable n’est recensée à ce jour.

Source: https://www.usinenouvelle.com