Office National de l'Huile
Bulletin de veille et d'information de l'Office National de l'Huile

30nov 2020

Les petits importateurs d’huile d’olive tunisienne inquiets face aux nouvelles restrictions de l'UE

Les petits importateurs d’huile d’olive tunisienne inquiets face aux nouvelles restrictions de l'UE

Dans la petite communauté des importateurs européens d’huile d’olive tunisienne conditionnée, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. L’Union européenne, a, en effet, décidé, au mois de juin dernier, d’imposer de nouvelles mesures restrictives qui finiront, selon les concernés, par laminer le marché et pousser nombre d’entre eux à mettre la clé sous la porte.

 

La Tunisie avait, rappelons-le, demandé officiellement à l’Union européenne d’augmenter sa part des exportations de l'huile d’olive à 100 mille tonnes contre les 56.700 tonnes qui lui sont accordés selon un accord qui date de près de vingt ans. Ce quota n’a pas été revu à la hausse, en revanche d’autres mesures ont été annoncées, touchant, cette fois, directement les importateurs.

 

Lotfi Gabsi, agriculteur et importateur d’huile tunisienne installé en France, a tenu à alerter les autorités tunisiennes sur cette affaire qui touche non seulement les sociétés importatrices mais aussi, par ricochet, les petits exportateurs tunisiens.

« En tant que société importatrice, nous sommes soumis à un quota très strict et nous devons répondre à un certain nombre de conditions pour pouvoir bénéficier de la possibilité d’importer de l’huile d’olive sans payer les 1,2 euros de frais de douane par litre importée. Nous sommes appelés à déposer une caution de 0,2 centimes d’euro par litre commandé et il faut savoir que nous n’obtenons qu’un faible pourcentage des quantités que nous déclarons. L’an dernier par exemple, pour 400 tonnes demandées, nous n’avons obtenu que huit tonnes mais nous avons posé un chèque de caution de 80.000 euros qui a été encaissé pour nous rembourser au bout d’un mois le montant équivalent au reste des litres que nous n’avons pas obtenu. Cela est en soi un obstacle » a expliqué M. Gabsi, précisant que d’autres mesures plus pénalisantes entreront en vigueur en 2021.

 

« Pour ne rien arranger à la situation qui est déjà bien assez compliquée ainsi, à partir de janvier prochain nous devrons affronter trois autres obstacles. D’abord les importateurs opérant sur le marché européen devront importer 25 tonnes d’huile d’olive qu’on les ait dans le quota ou pas. Pour espérer avoir cette quantité, il faudra commander 4000 tonnes et payer la caution pour cette commande. Sortir 200.000 euros de sa trésorerie n’est pas à la portée de tous et surtout pas aux petits importateurs que nous sommes. Ensuite, il est imposé d’avoir déjà importé 25 tonnes pendant les deux dernières années, donc moi qui ait importé huit tonnes l’an dernier, ou quelqu’un d’autre qui en a eu 22, nous sommes éliminés d’office. Ce système est éliminatoire pour 90% des petits importateurs, on va tuer la niche de tous ceux qui importent de l’huile d’olive tunisienne emballée. Pour ne rien arranger, si l’autorisation annuelle reste valable, la quantité d’huile importée ne doit pas avoir dépassé le 21 septembre, donc il est impossible de jongler entre deux saisons. C’est une façon d’épurer le marché et cela est déloyal » a-t-il ajouté.

 

Lotfi Gabsi s’est dit sidéré, en tant que patron d’une société française, qui paye des droits et ses impôts, de devoir, à cause de telles mesures arbitraires, finir par fermer boutique. « Nous sommes au plus mille entreprises à opérer dans toute l’Europe qui vivons du commerce de l’huile d’olive tunisienne » a-t-il souligné.

 

L’agriculteur et entrepreneur a tenu à rappeler que 90% de l’huile d’olive tunisienne est exportée en vrac, et vendue à une quinzaine de grands importateurs européens pour leur servir à rectifier leur huile.

« L’huile tunisienne, de par sa qualité exceptionnelle, sert à améliorer la qualité des huiles européennes. Les petites entreprises qui souhaitent se développer avec le commerce des produits du terroir et de l’huile en bouteille, on veut les rayer de la carte. Une bouteille d’huile espagnole est vendue en Europe à 2 euros, la même tunisienne vaut le double mais les connaisseurs privilégient notre huile et pour cela on dérange » a affirmé Lotfi Gabsi.

 

Il a enfin estimé que les autorités tunisiennes doivent aussi adopter les mesures adéquates pour contrer cette « injustice », en imposant par exemple la vente de l’huile emballée et non en vrac pour être emballée à l’étranger et vendue sous d’autres labels.

« Pour que cela soit possible il faudrait que nos dirigeants soient courageux car l’entreprise n’est pas si simple. Entre temps, les petits importateurs d’huile d’olive emballée ne doivent pas rentrer dans le système des quotas, ils doivent pouvoir exercer sans payer des frais de douane, astronomiques de surcroit, et comme ils sont peu nombreux, l’Europe doit considérer qu’il y a toute une population européenne qui vit de ce commerce et qui a le droit d’exister » a conclu M. Gabsi.

 

Rappelons que les exportations espagnoles ont également été freinées par la décision des Etats-Unis, d’imposer des droits à l’importation de 25% sur plusieurs produits agricoles européens, dont l’huile d’olive. Les États-Unis consomment 320 000 tonnes d'huile d'olive par an, soit près de la moitié de la consommation hors Union européenne. Une donnée importante qui explique tout le travail de lobbying qui est en train de s’opérer sur le marché de l’huile d’olive.

Source: https://www.businessnews.com.tn


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