Office National de l'Huile
Bulletin de veille et d'information de l'Office National de l'Huile

17août 2023

Exportations oléicoles : Une mécanique pas tout à fait huilée

FILIÈRE OLÉICOLE

De toutes les exportations alimentaires où la Tunisie peut se prévaloir d’un avantage comparatif, celles de l’huile d’olive apparaissent comme un « must » qui lui vaut un surcroît de débouchés, mais aussi des recettes conséquentes. Depuis  le début de la campagne à fin juillet 2023, ces ventes à l’étranger ont atteint 171,4 mille tonnes d’une valeur de 2765,1 Millions DT, soit une baisse en volume de 2,6% contre une hausse de 49,5% en termes de valeur par rapport à la même période de la campagne 2021- 2022. Surtout, le  prix moyen enregistré durant les neuf premiers mois de la campagne a augmenté de 53,5% soit 16,13 DT/kg contre 10,51 DT/kg enregistré au cours de la même période de la campagne précédente.

Sur cette lancée, la Tunisie pourrait engranger des dividendes à la faveur desquels il lui sera loisible d’éponger le déficit de sa balance commerciale alimentaire. Et pour ce faire, il va falloir  revoir la stratégie oléicole, booster la production annuelle d’huile d’olive extra vierge et augmenter les exportations emballées.

Le ministère de l’Agriculture commence à s’y investir et devrait annoncer un plan décennal qui permettra à la Tunisie de produire 250 000 tonnes d’huile d’olive extra vierge chaque année, en exporter 200 000 tonnes  et répondre aux besoins de la consommation intérieure à hauteur de 50 000 tonnes par an d’ici 2035.

Selon les données du Conseil oléicole international (COI), la Tunisie a produit en moyenne 228 000 tonnes d’huile d’olive chaque année au cours de la dernière demi-décennie, dont un record de 440 000 tonnes au cours de la campagne agricole 2019/20.

Les exportations annuelles moyennes étaient, elles,  de 216 000 tonnes au cours de cette période, bien que les exportations aient atteint leur plus bas niveau en six ans au cours de la campagne agricole en cours. Pendant ce temps, la consommation est restée relativement faible à une moyenne annuelle de 33 600 tonnes.

Le ministère prévoit d’améliorer la production en renouvelant chaque année 1 000 hectares d’anciennes oliveraies, en plantant de nouvelles variétés et en convertissant chaque année 10 000 hectares de bosquets pluviaux en plantations à très haute densité. Environ 93 pour cent des oliveraies tunisiennes sont pluviales.

Les écueils sont aussi d’ordre technique

Au milieu d’une récolte décevante en 2020/21,  le  scientifique en chef à l’Institut oléicole du pays, Ajmi Larbi a expliqué que le manque d’irrigation et les mauvaises pratiques agricoles empêchaient les producteurs d’obtenir constamment des rendements plus élevés.

Il a ajouté que de meilleures pratiques d’élagage et d’autres techniques agronomiques amélioreraient considérablement les rendements et réduiraient l’écart important entre les « années actives » et les « années creuses » en Tunisie qui  désignent des années au cours desquelles  les oliviers produisent un rendement inférieur en olives. Les oliviers ont un cycle naturel d’alternance d’années de production élevées et faibles, appelées respectivement «années actives» et «années creuses». Au cours d’une année, les oliviers portent une plus grande quantité de fruits, ce qui entraîne une augmentation de la production d’huile d’olive. Ceci est influencé par divers facteurs, notamment les conditions météorologiques, telles que les précipitations et la température, ainsi que l’âge et la santé générale de l’arbre. A l’inverse, une année creuse, aussi appelée « année lumière » ou « année de faible production », se caractérise par un rendement réduit en olives. Cela peut se produire en raison de facteurs tels que le stress de l’année précédente, des conditions météorologiques défavorables ou des fluctuations naturelles de la productivité de l’arbre. Les producteurs d’huile d’olive surveillent souvent ces cycles pour anticiper et planifier les variations de production..

Investir dans la qualité

Selon l’Office national tunisien de l’huile d’olive (ONH),  cité par The Olive oil Times , investir dans la qualité est le meilleur moyen d’améliorer la situation économique des producteurs et de rendre le secteur durable à long terme.

Il est estimé que  l’accent mis sur la qualité facilitera l’augmentation des exportations d’huile d’olive emballée individuellement, qui sont beaucoup plus rentables pour les producteurs que les exportations en vrac traditionnelles auxquelles le pays est associé.

Environ 95 pour cent de toutes les exportations tunisiennes d’huile d’olive sont destinées à l’Europe et aux États-Unis. Cependant,  l’on se tourne maintenant vers l’Est pour développer des liens plus étroits avec le Japon, la Chine, l’Inde et les pays africains.

Selon l’Observatoire national tunisien de l’agriculture (Onagri), le pays est également bien placé pour exploiter le marché croissant de l’huile d’olive biologique, le montant des exportations biologiques atteignant environ la moitié de la production annuelle totale du pays.

La manière dont les producteurs tunisiens feront face aux impacts du changement climatique dans le pays de plus en plus chaud, sec et sujet aux incendies de forêt est particulièrement absente de la stratégie du ministère tunisien de l’Agriculture.

L’ Onagri  estime que la production d’huile d’olive pourrait tomber à une moyenne de 61,000 tonnes par an, citant des hivers plus chauds empêchant les arbres de recevoir les heures de froid nécessaires, des températures printanières plus élevées interférant avec la floraison et des périodes de sécheresse plus longues.

https://africanmanager.com/exportations-oleicoles-une-mecanique-pas-tout-a-fait-huilee/


Retour